Que votre carrière soit devant ou derrière vous, que vous ayez immigré ou non, cet article vous concerne, dès lors que vous avez fait des langues que vous maîtrisez un métier, une passion, un chemin de vie.
La traduction est, pour ceux qui aiment les images, un voyage, un départ, un déchirement. Il s'y trouve toujours une part de traversée du désert. Le débutant ne peut éviter de passer par là, mais il en est qui ont vu s’écouler la moitié de leur existence et qui, à nouveau, cherchent une oasis : les traducteurs immigrants.
Ils sont sans doute, au moins, des centaines, chaque année, à se retrouver en terre inconnue, tels le débutant devant un texte spécialisé. Un réseau, vous voulez rire ? Des lettres de recommandation ? Vous voulez bien répéter la question ? Trados ? C’est quoi cette bête-là, un monstre du Seigneur des anneaux ? SAP ? Vous, vous allez me saper le moral, c'est sûr !
S’ajoutent à ce genre de blocages toutes les différences culturelles auxquelles nul ne vous a préparé. Du reste, personne ne l’aurait pu. On peut même vous dire, vous avertir, vous prévenir mille fois ; peine perdue. Le choc culturel, entre votre pays du Tiers-Monde et le pays - forcément occidental – qui vous accueille est tel que même les mieux préparés y laissent des plumes. Plumes de fierté, d’amour propre, de rêves et de châteaux en Espagne. Et si vous pensiez être préparés par un séjour d’une dizaine d’années dans un premier pays occidental, vous vous leurriez. Immigrer, même d’un pays occidental vers un autre, pose les mêmes problèmes aux non occidentaux, notamment si vous traversez l’Océan atlantique.
Alors quoi ? Repartir ou s'entêter ? Changer de métier ou s'acharner ? Tout dépend de votre conception de ce métier, des langues et de la quantité de passion que vous y mettez.
Vous pouvez apprendre à utiliser les outils que vous ne connaissez pas, tisser peu à peu votre nouveau réseau, vous habituer aux différences linguistiques du pays,... Vous choisirez peut-être de renoncer, de devenir enseignant, journaliste, employé de bureau, enfin, ce qui se présentera. Et qui ne sera pas forcément plus facile. Ou alors, si vous en avez encore les moyens, vous referez vos valises. Si c’est objectif, ce n’est pas lâche.
Rappelez-vous, dans le titre de ce texte, je soulignais la similitude entre la traduction et l’immigration. Rappelez-vous également, lors d'une de ces traductions que vous avez tenté de faire par plaisir ou par curiosité, rappelez-vous de ce moment où, ayant cherché partout, vous avez hésité entre poursuivre et renoncer. Cela ne ressemblait-il pas au dilemme de l’immigrant ?